La place du Noyer, unique carrefour du village, s’appelle Place Edgard Hubert
La route rectiligne reliant Jars au Noyer s’appelle Avenue Edgard Hubert.
La place du village de Crézancy s’appelle également Place Edgard Hubert.
Il est pourtant difficile de trouver aujourd’hui quelqu’un qui pourrait éclairer notre lanterne sur ce personnage. Alors, qui était Edgard Hubert ?
Edgard Frédéric Auguste Hubert est né au Noyer le 3 mars 1848. Il était le fils d’Ambroise Auguste Hubert (né à Pau, d’où sa famille était originaire, en 1807) et Blanche Marie Sydalise Decencière (née au Noyer en 1827), fille d’une famille de notables propriétaires terriens établis au Noyer depuis au moins le 16ème siècle.
Son père, est qualifié de propriétaire sur l’acte de naissance d’Edgard, son premier enfant ; nous n’en savons pas plus sur lui. Les parents d’Edgard ont alors leur domicile principal à Paris. Dix ans plus tard naîtra son frère Paul Pierre (1858-1932).
Edgard sera certainement élevé à Paris, et fera fortune dans l’actionnariat, notamment celui des grandes compagnies de chemin de fer, en pleine expansion en cette seconde moitié du 19ème siècle. Il possédait une grosse vignonnerie de plus de 300 journées de vignes, avec maison de maître, logements du vigneron, cave voûtée et pressoir dans le village de Reigny (commune de Crézancy).
Il possédait aussi la tuilerie de Jasseau, aujourd’hui Jarsot, qui fabriquait briques, tuiles et tomettes. Elle sera ensuite reprise par la famille Thierry, venue depuis la Creuse travailler au service d’Edgard Hubert.
C’est lui qui fit ériger la grande croix visible au milieu du cimetière du Noyer. Cet acte était assorti du vœu de reposer dans ce cimetière, mais il semble qu’il n’ait pas été réalisé.
Il fit construire à ses frais la route rectiligne reliant Jars au Noyer. Auparavant, les deux bourgs étaient reliés par deux itinéraires traversant la Balance à gué. (Source: IGN Géoportail)
Il est probable qu’Edgard soit né dans la maison de sa famille maternelle, route de la Chapelotte. Cette dernière fut reconstruite en 1850 (deux ans après la naissance d'Edgard) par son grand-père Frédéric Decencière (1798-1879).
La propriété Decencière, puis Hubert, calquée (en jaune) sur le cadastre de 1833. La reconstruction de 1850 s'est faite à peu près sur les mêmes bases. Ce qui était à l'origine une belle maison bourgeoise est aujourd'hui partagé en quatre propriétés distinctes. Il héritera de cette maison à la mort de son grand-père, et la conservera jusqu’à son décès en 1905.
Edgard Hubert est resté célibataire et ses biens fonciers au Noyer iront à son frère, marié mais sans postérité. Par son testament, il légua 60.000 F au bureau de bienfaisance du Noyer, 30.000 F à celui de Jars et 20.000 F à celui de Crézancy ; les trois communes où il possédait des biens. Ces sommes devaient être placées, et les intérêts distribués, en argent ou en nature pour les pauvres de chaque commune ou en soins pour les malades.
C’est en reconnaissance à ces legs que les communes du Noyer, de Jars et de Crézancy donnèrent le nom d’Edgard Hubert à un élément de leur voirie, ce dès 1905, année de sa mort.
Remerciements à Alain T., fidèle lecteur de ce blog, à Fernand Foucher (Histoire de Crézancy, en deux tomes), historien du Sancerrois, et JP Narnio (Jars, une commune au coeur du Pays Fort) dans les travaux desquels j’ai puisé quelques informations. Les éléments généalogiques proviennent des travaux de mon grand-oncle Samuel Buchet (Le Noyer, 1875-1956).