Après 36 ans à Veaugues, direction Le Noyer pour vous faire découvrir son cadre, son histoire, et aussi quelques billets d'humeur...
Par sirius
Samedi 27 juin, lors d’une réunion du Cercle d’Etudes Historiques du Sancerrois, fut évoquée l’existence (ou non) d’un pont sur la Loire à Saint-Thibault entre l’époque gallo-romaine et la construction du pont suspendu de 1834.
La principale « pièce à conviction » était un dessin en lavis du maître de l’Ecole du Nord Joos de Momper, et datant de 1600 environ, représentant un paysage de bord de rivière, avec une ville fortifiée sur une colline. L’auteur de l’article de la Voix du Sancerrois cite Alain Gesgon, qui a assisté à la vente aux enchères de l’œuvre d’art à l’Hôtel Drouot (Paris), en février dernier, pour la coquette somme de 5800 Euros.
Le pont suspendu de St-Thibault, construit en 1834, a succédé... au pont gallo-romain, probablement ruiné avant la fin de l'Empire Romain.
Son gabarit étant devenu insuffisant, il fut remplacé en 1931
Mr Gesgon, probablement emporté par son enthousiasme, a vu dans ce dessin « la preuve que le pont de Saint-Thibault était fortifié ». En fait, c’est le seul élément allant dans ce sens et, non seulement le pont ne devait pas être fortifié, mais il ne devait probablement pas avoir de pont du tout !
Le pont de 1931, en béton armé, semblables à ceux de Cosne construits en 1928, a été affaibli par les dommages de la 2nde Guerre Mondiale, et reconstruit vers 1980
- en 1567, le Prince de Bourbon, se rendant à La Rochelle, passe la Loire à gué à St-Thibault.
Ici, le plan du Comté de Sancerre de 1674.
On n'y voit pas de pont.
- les différentes cartes connues (Comté de Sancerre 1674 ; Trudaine vers 1750 ; Cassini vers 1800 ; cadastre « Napoléon » 1825) ne montrent pas de pont.
Le plan de Trudaine, datant du milieu du 18ème siècle, montre que la route venant de Saint-Satur s'arrête à Saint-Thibault.
Pas de pont là non plus.
- les services de diligence venant de Bourges aux 17, 18 et 19èmes siècles étaient tous limités à Sancerre.
- l’Abbaye de Saint-Satur a exploité un bac à St-Thibault du 13ème siècle à 1789.
Les restes du pont gallo-romain de St-Thibault
- il n’y a pas trace dans le fleuve des piles du « pont fortifié », alors que des blocs datant de l’époque gallo-romaine sont toujours visibles.
Au Moyen-Age, le passage de la Loire a été déplacé plus au sud, à La Charité, qui était une ville fortifiée dépendant de la Généralité du Berry. De plus, c’était un centre religieux important, avec une abbatiale, sur le chemin venant de Vézelay et allant à St-Jacques de Compostelle par Bourges. Un pont y est attesté depuis la fin du 15ème siècle.
Dans une cave située sous une maison des quais de La Charité, on peut encore voir une des arches du pont d'origine du 15ème siècle.
Elle a été "emmurée" lors de la construction de la route actuelle sur la berge, sous Napoléon 1er
Il en ressort probablement que, soit :
- le dessin est totalement fantaisiste, et l’artiste y a placé les éléments qu’il voulait y voir.
- le dessin a été commandé par quelqu’un qui avait donné une description sommaire des lieux, et Joos de Momper a pensé que la présence d’un pont s’imposait.
- le peintre a ajouté le pont « pour faire plus joli ».
- la scène représentée existe bel et bien, mais ce n’est pas Sancerre !
Reste que c’est un joli dessin, et qu’il a fait beaucoup parler !
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