Notre village a-t-il des origines gallo-romaines, voire plus anciennes ? C’est une hypothèse envisageable au vu des vestiges qui ont été trouvés, même si cela n’a rien de certain. Le seul ouvrage récent consacré au patrimoine ancien du département, la Carte Archéologique de la Gaule (tome du Cher), par JF Chevrot et J. Troadec, mentionne pêle-mêle pour notre commune :
- La voie romaine Bourges-Sancerre qui traverse la commune.
L'ancienne voie romaine (au premier plan, à travers champs) forme la limite entre les communes de Veaugues et Jalognes.
- un site antique près de ladite voie.
- à la fin du XIXème siècle, un dépôt monétaire composé de 140 à 160 sesterces de Trajan à Marc Aurèle a été trouvé « près de l’aqueduc romain »
Cette figurine gauloise en plomb a été trouvée par un amateur près de la voie romaine.
- un aqueduc romain a été trouvé en 1832 sous une maison de la route de Neuvy.
- près des Brosses, un enclos quadrangulaire (ferme de l’époque gauloise ?).
- au Petit Voisy, une nécropole protohistorique (âge du fer) comportant plusieurs enclos de formes diverses.
- au lieu-dit « Champ du Canon », un édifice romain
- au lieu-dit Sarry, une villa romaine, avec à proximité un tumulus ou une motte.
Qu’est-ce que le promeneur peut voir aujourd’hui de ces vestiges ? Certains, comme les enclos et sépultures protohistoriques (temps de gaulois) ne sont discernables que par les professionnels de l’archéologie. Certains de ces éléments peuvent cependant être aperçus sur les photos aériennes, mais il n’y a rien à voir au sol.
Les pièces de monnaie, à moins qu’elles aient eu la chance d’être découvertes par un archéologue, ont certainement été éparpillées au cours de reventes successives.
Le « site antique près de la voie romaine » n’a jamais été identifié avec certitude, et il se peut que ce soit le même qui soit repéré au Champ du Canon et à Sarry.
En fait, le seul vestige bien visible de cette époque est l’ancienne voie romaine qui constitue la limite au Sud-Est avec Jalognes, et qu’on connaît sous le nom de « Chemin de Jacques-Cœur ». Malheureusement, elle n’est pas longée par un souterrain comme le disent beaucoup de gens, et l’explication de l’origine de cette légende viendra avec une autre communication…
La voie romaine près des Averdines. En haut, la route d'Azy; la courbe est celle de l'ancienne voie ferrée. La trace blanche correspond à la partie empierrée de la voie romaine. Les deux bandes sombres de part et d'autre, aux fossés latéraux riches en matières organiques.
Très intéressant est l’aqueduc retrouvé à plusieurs reprises depuis 1832, et qui longe la route de Neuvy. Chaque chantier dans ce secteur l’a vu apparaître, et sa dernière découverte date de 1996, quand des membres du Club Spéléo-Archéologie de Veaugues furent appelés par un riverain qui avait vu apparaître, en décapant un terrain, « une bande sombre régulière ».
Un sondage a fait apparaître la partie basse de cet aqueduc, large de 18 cms, et dont les parois étaient enduites d’un mortier rose. Bien plus intéressantes que sa structure sont son origine et sa destination !
Par définition, un aqueduc capte une source à un point haut pour l’amener sur son lieu d’utilisation plus bas ; celui-ci peut être une agglomération (cas des aqueducs de Bourges) mais, à Veaugues, il s’agit probablement d’une riche villa.
Ce sondage montre le canal (cunette) de l'aqueduc.
Si on étudie le réseau hydrographique local, notre aqueduc devait capter l’eau d’une source pérenne située sur le cours de l’un des affluents de la Planche-Godard, à savoir donc à Villedonné, Sarry ou Epignol.
Cette autre coupe montre bien le radier de béton, et les pierres qui ont été disposées au fond de la tranchée autour de l'ouvrage. Le marteau donne l'échelle.
Aucune de ces sources n’est pérenne aujourd’hui, mais cela est peut-être du aux différents pompages effectués pour l’alimentation en eau potable ou par les agriculteurs. En outre, la pluviométrie a peut-être changé en 2000 ans, et le ruissellement entraîné par le déboisement y est certainement pour quelque chose.
La source d'Epignol a peut-être des originies gallo-romaines. Soigneusement aménagée au moyen de grosses dalles de calcaire, elle alimentait un lavoir aujourd'hui ruiné. Réhabilité à peu de frais, et surtout bien entretenu, l'endroit pourrait devenir un charmant but de promenade...
Aucun travail de recherche n’ayant été effectué en amont du village, et aucune découverte n’ayant pu apporter la moindre information, le lieu de captage reste inconnu.
Le tracé et la pente de l’aqueduc conduisent tout naturellement à penser que l’établissement qu’il desservait se trouvait à l’emplacement de l’actuel établissement pour personnes handicapées (IME / ESAT), en tous cas à un point bas du village.
Le site de l'ESAT était connu sous le nom de « château », ou d' "hôpital" (ici, le cadastre de 1823), et il est probable que diverses constructions s’y sont succédées au cours des âges. Le premier était peut-être une villa romaine…