Peu avant Blancafort, la curiosité du promeneur est interpelée par ce canal qui commence au milieu de nulle part. Ni usine, ni bassin portuaire en vue…
C’est le Canal de la Sauldre, qui n’a « ni queue, ni tête », est n’est raccordé à aucune autre voie d’eau. Ouvert en 1869, il reliait les marnières de Blancafort à Lamotte-Beuvron et est long d’une petite cinquantaine de kilomètres.
La marne est une roche consistant en un mélange naturel d’argile et de calcaire, dans des proportions allant de 35 à 65% de chaque composant. Elle était jadis utilisée pour corriger le pH des sols acides afin de les rendre plus propices à la culture des céréales. Depuis une centaine d’années, elle est remplacée par la chaux. Ici, le premier bassin du Canal, en amont de Blancafort. Il servait à retourner les péniches.
Le gabarit du Canal de la Sauldre était plus étroit que la moyenne avec 2,80 mètres, ce qui rendait la navigation des péniches au « gabarit Freycinet » impossible, et le condamnait d’avance. De fait, son inactivité conduisit à son déclassement dès 1926. Ici, la première écluse, dont on distingue au premier plan l’encoche de fermeture de la porte. Au-delà, un bel alignement de platanes jusqu’à Blancafort.
Peu avant ce premier bassin, se remarque dans le talus en rive droite (eh oui, le tracé du canal présente une pente descendante continue) ce mystérieux tunnel joliment construit en briques rouges de pays…
A l’intérieur se voient encore les traces de traverses en bois ; quelques-unes subsistent même. Il s’agit du passage d’une petite voie ferrée « Decauville ».
Elle permettait d’acheminer la marne depuis une grande carrière située de l’autre côté de la route…
… jusqu’au canal, où les wagonnets (tirés par des ânes) étaient déversés dans les péniches. Direction Lamotte-Beuvron, où le chargement était transbordé dans les wagons de la compagnie du Chemin de Fer de Paris à Orléans, et expédié chez les clients dans toute la France.
Un peu plus loin, à Argent sur Sauldre, un port sur le canal servait à charger des cailloux de silex, qu'on voit déversés par des tombereaux hippomobiles. Ils provenaient de carrières situées tout près, et pouvaient aussi être chargés sur des trains; une voie de desserte, dont on aperçoit le heurtoir au second plan, descendait de la gare d'Argent, où se côtoyaient pas moins de 4 compagnies ferroviaires: le PLM (ligne Argent-Gien), le P-O (ligne Etampes-Bourges par Aubigny), la S-E (Société Générale des Chemins de Fer Economiques), et le B-A (Blanc-Argent)!
Sur la maisonnette éclusière, cette belle affiche permet de découvrir toutes les espèces de poissons qui hantent les profondeurs du Canal (1,30 mètre) et de la Sauldre voisine.
Une excellente petite vidéo de l'équipe du Berry Républicain sur le sujet, indiquée par l'ami Anatole