C’est le 26 août 1907 que fut ouverte la halte de Neuvy-La Tour, située sur la ligne La Guerche-Argent des Chemins de Fer Economiques (SE). Elle est encore visible aujourd’hui, même si de nombreuses transformations ont quelque peu altéré son architecture.
La ligne avait été établie à l’écartement d’un mètre, contre 1,435m pour les grandes lignes comme celle de Bourges à Cosne, ce qui excluait la possibilité d’échange de voitures et wagons entre les deux réseaux.
Le train vient de Veaugues et se dirige vers Argent.
A cette époque, le temps avait une autre dimension, et il fallait par exemple deux heures pour parcourir les 49 kms séparant Veaugues d’Argent. On prenait le train pour se rendre aux marchés et foires, ou rendre visite à de la famille.
Les jours de grande affluence, on rajoutait des voitures au petit train, qui avait alors bien du mal à grimper certaines côtes. A Sens-Beaujeu et au Noyer, il fallait même parfois descendre pour soulager la locomotive. Les mauvaises langues disent même qu’on avait le temps de ramasser des escargots, le temps que le train arrive au sommet de la côte…
Une voiture voyageurs de la SE.
Celle-ci comportait un compartiment à bagages.
Chaque compartiment, accessible uniquement depuis l'extérieur, était chauffé par un poële à charbon.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, seuls les commerçants, les notables et les gens aisés avaient une voiture ; les autres étaient bien contents de trouver le Tacot ! Ce sont surtout les progrès techniques de l’automobile, et l’amélioration du réseau routier qui ont sonné le glas des petits trains départementaux, qui ne voyaient déjà presque plus de voyageurs dès 1945.
La gare de Neuilly-Moulin Jamet, à 3 kms au nord de celle de Neuvy, était importante, car s’en détachaient deux autres lignes de « Tacots ». L’une allait vers Henrichemont et Vierzon et eut une existence éphémère (1914-1939). L’autre rejoignait Saint-Satur par Crézancy et Sancerre (1908-1948). A Neuilly se trouvaient une remise à machines et un dortoir pour le personnel du train d’Henrichemont.
Le Tacot disparut dans l’indifférence générale durant l’été 1948. Monsieur Albert Pinson, de Montigny, a cessé définitivement son service le 15 août de cette année-là, sans pouvoir dire si un seul voyageur avait pris le « der des ders » du Tacot ce jour-là !
Une autre vue de la gare de Neuvy-La Tour
Au premier plan, le petit bâtiment abrite les toilettes (messieurs et dames), ainsi que la lampisterie.
La plupart des gares, qui ont survécu, et quelques ponts métalliques disparaissant dans les broussailles nous rappellent ces petits trains qui ont sillonné nos campagnes en cette première moitié du XXème siècle.