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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 15:02

Début 1796, une rébellion royaliste fut menée à l’encontre des autorités révolutionnaires dans le Sancerrois. A la tête de l’ «  Armée Catholique et Royale du Sancerrois » avait été placé un jeune officier d’artillerie, Louis Edmond Le Picard de Phélippeaux, et cette action se situait dans la mouvance des chouanneries qui sévissaient dans l’Ouest de la France. Son but était de contribuer au retour de la Monarchie Française, en établissant sur le Trône Louis XVIII (ce sera chose faite en 1815 après la chute de Napoléon).

 

Si Phélippeaux fut le chef militaire de cette rébellion, le personnage qui nous est le plus connu est sans contestation l’Abbé Antoine Buchet, curé de Jalognes et prêtre réfractaire (ayant refusé de prêter serment devant les Révolutionnaires).

 

L’armée de Phélippeaux comptait environ 1500 hommes, dont 900 du pays ; les autres étaient venus en renfort de l’Orléanais et de Vendée. En face, les troupes du général « bleu » Desenfans (révolutionnaire), bien armées, étaient fortes de 2500 militaires de terrain.

 

croix-Vendee-Sancerroise-.JPG

 

Les "Amis de La Vendée Sancerroïse" firent ériger à la sortie de Sancerre, sir la route de Bourges, une croix dont le socle porte l'inscription suivante, surmontée d'une fleur de lys :

 

2 avril 1796

L'adjudant général

LE PICARD de PHELIPPEAUX

chef de l'armée

catholique et royale

s'empare de Sancerre

Le 12 avril Combat de Sens-Beaujeu

L'abbé Buchet

curé de Jalognes,

aumônier volontaire

des troupes royales,

en secourant des adversaires, meurt en martyr.

En 1966

En mémoire de sa fidélité et de celle de ses compagnons,

ce monument a été élevé

par le « Souvenir Sancerrois »,

héritier de la même volonté,

de la même foi et des mêmes espérances.

 

Il est surmonté d'une croix portant un cœur en son centre.  Le Cardinal Joseph Lefebvre, arche­vêque de Bourges, ayant, pour sa part, demandé aux membres du clergé de son diocèse de ne pas donner cette bénédiction, cette dernière fut donnée par un prêtre d'un autre diocèse.




En mars 1796, les troupes royalistes sont cantonnées dans Sancerre. Un soulèvement général est initialement prévu pour le 15 avril. Les chefs de la rébellion se cachaient, eux, dans les bois de Jars, alors que des dépôts de munitions avaient été approvisionnés dans des fermes de ce secteur.

 

Un soldat bleu du nom de Chigot et se disant déserteur vînt s'engager dans les troupes rebelles. En réalité, il s'agissait d'un espion envoyé par le général républicain Desenfans. Une fois connu l’itinéraire des trois colonnes devant rejoindre Jars, il rejoindra le dit Desenfans pour le mettre au courant de la marche des troupes de Phélippeaux ; c'est ce qui permettra aux Bleus de tendre le guet-apens de Sens-Beaujeu.

 

croix Vendée Sancerroise détail

 


Le monument érigé à Sancerre est surmonté de cette croix fleurdelisée.


A noter que la famille de l'Abbé Buchet, toujours présente dans le secteur, n'a pas été jugée digne d'être conviée à la cérémonie de bénédiction.


Peut-être ne sont-ils pas assez catholiques, ou suspectés de complicités révolutionnaires, comme le Cardinal Joseph Lefebvre...




 

 

 

 







C'est le 11 avril au soir que l'armée de Phélippeaux, forte d'environ 1.300 hommes, quitta Sancerre qu'elle occupait depuis le 2 avril. Elle fut divisée en trois colonnes qui, par trois routes différentes, devaient gagner le lieu du rendez-vous. La moins forte de ces colonnes devait passer par le bourg de Sens-Beaujeu. Elle comprenait environ deux cents hommes qui escortaient les voitures de munitions et de vivres. Les deux autres devaient rejoindre Jars par des routes diffé­rentes.

 

Sens-Beaujeu--7-.jpg


L'église de Sens-Beaujeu vers 1910.

 


Le mardi 12 avril 1796, à trois heures trente du matin que l’ armée royaliste entra dans Sens-Beaujeu. Immédiatement, le tir des Bleus se déchaîna et un combat d'une extrême violence commença qui se poursuivit jusqu'à huit heures du matin.

 

C'est durant cette bataille que périt, sous les balles des troupes de Desenfans, l'aumônier de l'armée catholique et royale, l'abbé Buchet, en allant porter le dernier sacrement aux morts et mourants de la bataille. Les rebelles royalistes furent, soit tués sur place comme l’Abbé Buchet, soit pris plus tard dans la journée dans les environs, et massacrés. Suite à cette tragédie, de nombreux interrogatoires eurent lieu dans les bourgs des environs, parfois suivis d’exactions.

 

croix Abbé Buchet (1)

 

 

 

 

 

 


Sur la place de Sens-Beaujeu, entre l'église et la fontaine, se dresse cette modeste croix en la mémoire de l'Abbé Buchet.


Ni coeur, ni Fleur de Lys, même pas d'inscription, mais des proportions beaucoup plus harmonieuses que son homologue sancerroise...







 

 

 

 


Il se dit aussi que le « trésor de guerre » des Royalistes fut caché dans un moulin proche de Neuilly en Sancerre, où il se trouve peut-être toujours, son dépositaire ayant entre-temps été tué. Le meunier fut ainsi assassiné le 11 janvier 1800 par des inconnus qui repartir sans avoir trouvé ce qu’ils cherchaient…

 

Phélippeaux mourut d’insolation en 1799 à St-Jean d’Acre (Syrie), après avoir contribué à l’arrêt des armées napoléoniennes devant cette ville.

 


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commentaires

S
<br /> Si la croix érigée actuellement à sancerre manque de proportion, c'est parce que c'elle d'origine a été brisée.<br /> <br /> <br /> D'autre part, peut-on professer ne pas "défendre de vérité" et affirmer que M. Saclier de la Bâtie Gérard avait des idées rétrogades....<br /> <br /> <br /> Existe-t-il des documents sur cet abbé buchet?<br />
Répondre
S
<br /> <br /> L'Abbé Antoine Buchet est un cousin à moi. Notre ancêtre commun (également prénommé Antoine), était "praticien" à Feux, et est décédé en 1609.<br /> <br /> <br /> Chacun est libre d'avoir ses idées, et les autres d'en penser ce qu'ils veulent. Ce n'est pas parce que je ne partage pas certaines opinions ou idéologies que je suis incapable de sympathiser<br /> avec ceux qui les professent et, si vous souhaitez en savoir plus sur la famille Buchet, c'est avec plaisir que je vous livrerai tout ce que j'ai. Il vous suffit dans ce cas de me contacter par<br /> MP en utilisant la fonction "contact" en bas de page<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> Sirius<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Merci pour cet article qui met en avant bien des choses oubliées, ou que l'on voudrait faire oublier....<br /> <br /> <br /> Salutations d'un historien amateur qui travaille et publie depuis plus de 15 ans sur la Vendée.<br />
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S
<br /> <br /> Merci du compliment, même si je n'ai fait moi-même aucune recherche et me suis contenté de répéter ce que d'autres ont dit!<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Notre Sancerrois a connu bien des heures sanglantes !<br /> Cette hypothèse d'un trésor caché dans un moulin aujourd'hui disparu a fait l'objet d'un dossier paru au début des années 80 dans la revue "trésors et prospections".<br /> Les idées royalistes et intégristes étaient encore bien ancrées en Sancerrois jusqu'à la fin des années 60.<br /> Pour ma part, je n'ai jamais admis que l'on puisse s'entretuer pour des idéologies, mais peut-être que je suis un doux rêveur ?!<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Eh oui! On trouve révoltant ce qui se passe aujourd'hui au nom du fanatisme islamique mais, en regardant quelques siècles en arrière, on s'aperçoit que nous n'avions rien à leur envier.<br /> <br /> Procès en sorcellerie, guerres de religion et exterminations d'"infidèles" lors de la conquête de l'Amérique du Sud par les Espagnols au XVIème siècle, esclavage, etc...<br /> <br /> <br />
J
<br /> Je tiens à vous rassurer, les collatéraux de l'abbé Buchet sont plusieurs milliers (j'en suis aussi). Par contre, ce phénomène était moins local qu'il n'y paraît (Le Picard e Phélippeaux était<br /> aussi chef de la Vendée de Palluau dans l'Indre.<br /> Pour ce qui est de la bibliographie, Saclier de la Batie a publié par deux fois un ouvrage historiographique sur cet épisode. Jacques Faugeras a également publié une plaquette à ce sujet (ce fut<br /> l'objet de notre premier différent, politique et non commercial).<br /> Enfin, Bonnin a fustigé l'attitude des contre-révolutionnaires dans ses écrits.<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Dois-je comprendre que Jacques Faugeras se sentait proche des idéologies des amis de Saclier? J'avoue que je serais un peu déçu. Ceci dit, je compte parmi mes amis des gens de tous bords, et c'est<br /> cela qui fait la richesse des échanges. Seule condition: ne pas défende de "vérité".<br /> <br /> <br />
G
<br /> C'est quand même bête de mourir d'une insolation après tout ça !<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Peut-être, mais nul doute qu'il aura gagné son ticket pour le Paradis!<br /> <br /> <br />
C
<br /> C'est une belle leçon d'histoire ! A bientôt<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> D'histoire très locale, mais qui mérite d'être connue!<br /> <br /> <br />
M
<br /> je connais peu c'est partie de l'histoire ...chose faite avec ce superbe billet !<br /> Amities Gérard<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Je pense qu'en Picardie, des évènements semblables ont également dû avoir lieu. Celui que j'ai décrit est d'importance strictement locale, et m'intéresse parce que l'Abbé Buchet était membre de ma<br /> famille, même si l'ancêtre commun est mort en 1609...<br /> <br /> Inutile de préciser que je ne m'inscris pas dans la démarche de ceux qui ont érigé le "monument" de Sancerre, pas plus que je ne partage leurs idées rétrogrades...<br /> <br /> <br />

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