Le château des Aubelles était une résidence d’été des Comtes de Sancerre, située dans le Val, entre Loire et Vauvise. Certaines caractéristiques architecturales laissent à penser que les parties les plus anciennes remontent au dernier quart du XIIème siècle, notamment le mur d'enceinte situé au Nord-Ouest.

Vue sur le site des Aubelles, au travers de ce qui reste du portail principal d'accès, à l'Est.

La même vue, 100 ans plus tôt...
Il en reste l'enceinte polygonale, la chapelle et quelques bâtiments d'exploitation remontant au plus tôt au XVIIème siècle. Il s'agit d'une propriété privée qui ne se visite pas.

En vue aérienne, le site des Aubelles dessine un cercle. Il s'agit en fait d'un polygone à 14 côtés.
Le village de Ménétréol est à gauche, et la Vauvise juste à droite du canal.
Voici ce que dit l’abbé Vincent Poupart, historien du Sancerrois, en 1777 :
« Certains termes d'une charte d'Etienne de Sancerre, datée de 1178, prouvent qu'un bras de la Loire passait en ce temps-là, proche le bourg de Ménétréol, en deçà du château des Eaux-Belles, et qu'il y avait un pont de bois ou de pierre, pour passer de Ménétréol à ce château.

Plan du Comté de Sancerre datant de 1674
Ceci peut être confirmé par les archives de St-Satur, où il est dit, p. 127 & 407, qu'en 1228 et 1287, la Loire passait auprès du lieu appelé "Rochettum", aujourd'hui "Rochoy", où il y avait deux moulins et des saules sur ce bras de la rivière; et de fait, les prés qui sont devant la métairie de la "Myvoie", s'appellent encore les Prés-des-Iles, quoiqu'ils ne soient plus entourés par la Loire. Il n'y a que quelques années que l'on voyait encore aux murailles des Eaux-Belles les anneaux de fer destinés à attacher les bateaux et, lorsque les paysans creusent aux environs, j'ai remarqué, à quelques pieds de profondeur d'épaisses couches de jars (cailloux roulés par la Loire) et de sable.

La chapelle, en 1892.
Très abîmée, elle servait déjà de grange en 1788.
D'après une illustration de la brochure "Les Aubelles", publiée par l'association "Ménétréol Mémoires pour demain".
Ce château des Eaux-Belles était une maison de campagne des Comtes de Sancerre, très bien fortifiée. La base de ses murailles faite de pierres de taille et en talus, du côté d'un grand fossé, dont il reste encore quelques vestiges, dénote assez que l'eau les baignait ; il y avait une chapelle dans ce château ; et l'on voit encore deux bénitiers incrustés dans le mur du bâtiment qui en servait.
Le site des Aubelles, d'après le plan qu'en a dessiné Alphonse Buhot de Kersers, à la fin du XIXème siècle
La Loire, dont un bras baignait autrefois le château des Eaux-Belles, s'en rapproche aujourd'hui, et probablement y reviendra malgré les efforts que l'on fait pour l'éloigner ; cette rivière gagne sensiblement sur la rive gauche : il y avait autrefois, au-dessous de l'église de Bannay, une fontaine, nommée la fontaine de St Julien patron du lieu ; aujourd'hui, cette fontaine est presque au milieu du bras de la Loire, lequel passe en cet endroit ; elle jette beaucoup d'eau, mais on ne la voit que dans les grandes sécheresses. »

Le portail principal, vu depuis l'intérieur vers 1900, avant que la partie supérieure ne soit détruite pour agrandir le passage.
A Bannay, il existe encore le « Domaine de l’île », qui est depuis longtemps sur la rive gauche de la Loire. C’est probablement le même bras de Loire qui isolait les Aubelles et le Domaine de l’île, et sa disparition est peut-être à mettre en rapport avec la crue de 1313, qui déplaça le lit de la Loire vers l’Est. C’est d’ailleurs ainsi que disparut une chapelle qui se trouvait autrefois au bord de la Loire aux Loges (Pouilly).

La chapelle, vue en 1903. Elle a peu changé jusqu'à aujourd'hui.
Le bâtiment visible à gauche est construit à pans de bois. Il a depuis été totalement reconstruit.
D'après une illustration de la brochure "Les Aubelles", publiée par l'association "Ménétréol Mémoires pour demain".
Description. — Il reste des Aubelles une enceinte de murs en ligne brisée formant un polygone presque régulier à 14 côtés, avec les restes d’une porte fortifiée à l’est; les trois faces du nord-ouest sont occupées par des bâtiments d'habitation transformés en étables, puis récemment restaurés. Ils sont accostés d’une chapelle. Celle-ci et les murs extérieurs du logement, qui se confondent avec le mur d'enceinte, sont les parties les plus anciennes.
La chapelle aujourd'hui.
A mi-hauteur de l'angle du mur, au milieu du cliché, se voit le piédroit d'une fenêtre en plein cintre, datant probablement des premiers âges de la construction.

Vue rapprochée de l'élément d'ouverture cité au-dessus.
Le mur Nord de la chapelle en 1995
Cliché J-N Faucher
Au XVIIIème siècle a été élevée une tour carrée, face au village de Ménétréol, adossée à l’extérieur de l’enceinte. Mal construite et non chaînée, elle s’est détachée de l’enceinte et s’est ouverte aux angles.
Vue du mur extérieur depuis le Nord-Ouest. La tour carrée est sur la gauche, adossée à la chapelle, dont le toit à un seul pan est reconnaissable. On aperçoi, à l'étage, la fenêtre géminée murée. Cliché J-N Faucher
Le mur extérieur, sur sa partie la mieux conservée, au Nord-Ouets de l'enceinte.
Les bâtiments qui subsistent à l'intérieur sont adossés à ce mur, qui est percé de petites fenêtres très étroites, évasées aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Sur le pan suivant de l'enceinte, toujours à l'extérieur, cette fenêtre bilobée peut être observée à l'étage, aujourd'hui cachée par du lierre.
Ce genre d'ouverture est fréquent sur les maisons d'habitation fin XIIème et au XIIIème siècles.
Photo Association "Ménétréol Mémoires pour Demain"
Les murs ont leur pied extérieur légèrement en talus : ils sont en appareil moyen et ont encore aujourd'hui trois à quatre mètres de haut. Ils forment 14 pans. Il semble que l’enceinte fortifiée ait été à une époque entourée d’un fossé, alimenté par la Vauvise toute proche.

A l'intérieur de la chapelle, on peut voir cette niche, dont l'architecture est identique à celles visibles dans les caves de la Tour de Vesvre (Neuvy deux Clochers).
Ceci semble confirmer que les deux ouvrages ont été construits à la fin du XIIème siècle ou au début du XIIIème.
Photo Association "Ménétréol Mémoires pour Demain"
Le portail Est faisait saillie sur les murs. Il n'a conservé que ses côtés ; les pierres de la porte d'entrée ont été enlevées. Au-dessus étaient ouvertes deux fenêtres de plein-cintre et un placard ou niche intérieure. Un escalier à vis, dont l'alvéole rond se voyait encore au temps de Buhot de Kersers (vers 1890) béant à l'angle nord-est de cette tour, donnait accès à la pièce supérieure. Malheureusement, la partie supérieure du portail a été détruite pour agrandir le passage en 1926.
Des bâtiments d’exploitation agricole, plusieurs fois reconstruits, sont plaqués à la courtine au Nord-Ouest et ont remplacé ceux d’origine. En 1636, il était alors question de "masures habitées par un jardinier"; en 1886, un incendie détruisit partie de ces bâtiments. En 1788, ils servaient de logement au métayer qui cultivait le domaine, et d’écuries. A cette date, la chapelle servait de grange.
Cette photo a été prise lors d'une crue hivernale en 1980, depuis le pont sur le canal, à Ménétréol. Elle peut donner l'illusion de ce à quoi pouvaient ressembler les aubelles avant 1313, lorsque la Loire coulait à l'Ouest de son lit majeur
L'Association "Ménétréol Mémoires pour Demain" est sise à la mairie de Ménétréol. Actuellement présidée par Laurent Lepresle, elle a édité en 1995 une brochure rassemblant le fruit de ses recherches sur le site des Aubelles".
La famille Faucher, actuelle propriétaire des lieux, a repris ces recherches, qui sont présentées sur son très bon site Internet.