En 1529, Jean Calvin arrive à Bourges pour y étudier le droit, alors qu’y enseigne le Grec un réformateur luthérien allemand du nom de Melchior Wolmar. Conquis par les idées de ce dernier, il finit par rompre avec l’Eglise Catholique en 1533 afin de prêcher la Réforme en France.
Ce nom est là pour nous rappeler que c'est dans cette rue que se situait le premier Temple intra-muros de Sancerre.
L’arrivée de la religion réformée se fait à Sancerre avec Jean Michel, ancien moine bénédictin, convaincu par les idées de Calvin. A partir de 1548, on peut considérer qu’existe à Sancerre une petite communauté protestante, qui se réunit dans des maisons particulières.
C’est en 1560, après l’échec de la Conjuration d’Amboise, que se constitua une véritable place-forte, avec l’arrivée de réfugiés, qui détruisirent de nombreux édifices voués au culte catholique, et s’accaparèrent l’église Saint-Jean, qui n’était pas le bâtiment qu’on connaît aujourd’hui (elle a été reconstruite au XVIIème siècle).
Situation, d'après un plan dressé en 1906 par Maurice Supplisson, des principaux lieux de cultes protestants de Sancerre.
Avec la reddition des Protestants le 19 Août, mettant fin au siège de Sancerre, l’Eglise Catholique récupère ses lieux de culte, et les Protestants se réunissent à nouveau dans des maisons particulières. Ce n’est qu’après la promulgation de l’Edit de Nantes (13 Avril 1598), assurant la liberté de culte dans tout le Pays, qu’un premier Temple protestant est édifié en dehors des murs, près de la Porte-Oison. Un cimetière « huguenot » fut également installé près des ruines de l’église St-Romble.
La Rue du Vieux Prêche.
Le Temple qui servit aux Protestants de 1610 à 1685 se trouvait sur la gauche, à peu près à la hauteur de la voiture.
Trop petit, ce premier temple fut vite remplacé par un nouveau, situé entre les actuelles rues du Vieux Prêche et Porte-Serrure, qui fut inauguré le 15 Avril 1610. Il servit jusqu’au 18 Octobre 1685, date de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, puis fut immédiatement démoli.
Dans la foulée, une communauté religieuse nommée « les Dames de la Miséricorde », destinée à ramener dans le bon chemin les filles égarées dans l’hérésie (du Protestantisme), fut installée d’abord dans la maison confisquée du Pasteur de Sancerre, puis Rue Basse des Remparts. Une chapelle, construite en partie avec les pierres de l’ancien temple protestant, fut inaugurée le 29 Septembre 1700.
La petite histoire dit que les sœurs avaient confié la garde de leur établissement, côté nord, par un énorme chien, d’où le nom de « rue du dogue »…
Ce n’est qu’en 1787 que la liberté de culte sera rétablie par Louis XVI, mais il faudra encore attendre jusqu’en 1797, pour que les Protestants disposent d’un lieu de culte officiel, une fois les pires moments de l’intolérance révolutionnaire passés.
L'arrière du Temple actuel, vu de la Rue du Dogue. Ces constructions datent de 1700.
Entre-temps, le couvent des Dames de la Miséricorde avait été nationalisé, et les religieuses expulsées. Une partie des lieux fut attribuée à la Gendarmerie (qui y est toujours), et une autre à l’administration qui y installa ultérieurement le Tribunal (1799). La chapelle fut attribué au Culte protestant.
Le bâtiment, qui date de 1700, fut maintes fois réparé, et sa façade entièrement reconstruite en 1894. C’est ainsi qu’elle nous apparaît aujourd’hui.
Les informations historiques sont tirées de l'ouvrage "le Protestantisme à Sancerre", de Monsieur Henri Née, qui a fait un excellent travail de recherche sur le sujet.