L’If est un conifère qui a bien des particularités, des paradoxes, même. Chez nous, on le voit essentiellement dans les cimetières, d’où il essaime grâce à ses graines transportées par les oiseaux, et dans les parcs où il se prête à la taille en « topière ». C’est ainsi qu’on en rencontre autour de Veaugues, et notamment sur l’emprise de l’ancienne ligne SNCF et dans les haies qui la bordent, espaces classés en zone Natura 2000 pour leur richesse, comme j’en ai déjà maintes fois parlé…
Conifère de par sa classification, certes, mais sans cônes (les fameuses « pommes de pin »), un peu comme un oiseau qui n’aurait pas d’ailes, l’If est un arbre bien à part. Par exemple, il est le seul conifère à rejeter depuis la souche, et se reconstitue s’il est cassé à mi-hauteur, contrairement aux pins et sapins. De plus, les plans sont sexués ; il y a des Ifs femelles et des Ifs mâles. Ici, nous voyons un rameau portant les fleurs mâles, qui apparaissent au début du Printemps.
A la fin de l’Eté apparaissent ce qui ressemble à des fruits mais qui, du point de vue du botaniste, n’en sont point : ce sont des arilles, et ces faux-fruits rouge vif constituent la seule partie de la plante à ne pas être vénéneuse (peut-être une confiture à essayer?). Bien entendu, ils ne sont portés que par les arbres femelles. L’If a une grande longévité ; Jeanne d’Arc s’est assise sous l’If de la Motte-Feuilly (Indre), et on recense de nombreux Ifs multicentenaires en Angleterre, où cet arbre est plus répandu que chez nous, ainsi qu'en Normandie.
Le « fruit » rouge, contient une graine. Les oiseaux sont très friands de l’enveloppe charnue et sucrée, mais rejettent les graines toxiques loin de l’arbre qui les a produites. C’est ainsi que se reproduit l’If. Son écorce contient une molécule, le taxol, utilisée en pharmacie pour la préparation de médicaments anticancéreux. Merci au passage au journal « le Berry Républicain », qui a publié il y a une semaine un excellent article sur la richesse de la flore des environs de Veaugues.