Après 36 ans à Veaugues, direction Le Noyer pour vous faire découvrir son cadre, son histoire, et aussi quelques billets d'humeur...
Par sirius
Le Pont Galantin est situé sur la RD52, entre Feux et Herry, et enjambe la Vauvise. La route qu'il porte a été ouverte au milieu du 19ème siècle, bien après le pont, dont la construction est émaillée d’une légende. Elle est racontée dans un recueil rassemblant plusieurs histoires sur notre région, dont l’auteur a utilisé le pseudonyme Pierre Goupillière, en référence au lieu éponyme situé au sud de Sancerre. Je ne ferai donc que résumer cette légende.
Avant, seuls des gués permettaient de traverser la Vauvise ; aux Vallées ou, lors des hautes eaux, à Marnay ou St-Bouize. Ce sont les moines de l’abbaye de Chalivoy qui décidèrent d’entreprendre la construction d’un pont, essentiellement pour que leurs fermiers ne puissent plus invoquer l’impossibilité de traverser la rivière afin de ne pas s’acquitter de leurs dettes…
Nos braves moines se mirent donc à l’ouvrage, mais toutes sortes de désordres mystérieux pouvaient être constatés chaque matin par les moines-bâtisseurs à leur arrivée sur le chantier. Tout ceci fut bien entendu mis sur le compte du diable…
Au village des Vallées, un jeune homme prénommé Berlite était amoureux d’une jeune fille résidant à Beauregard, de l’autre côté de la Vauvise, et il lui tardait de voir le pont, qui mettrait fin au détour par St-Bouize ou Marnay, achevé. Au contraire, un cupide personnage nommé Gorgeon avait pris pour habitude de faire payer les candidats au passage du gué pour d’obscures incantations censées les protéger du mauvais sort. Il n’avait donc aucun intérêt à l’avancement des travaux…
Une nuit, Berlite, qui avait pris précaution de se munir d’une bouteille d’eau bénite, se trouva, sur le chantier du pont, en face du Diable. Il eut alors la présence d’esprit de lui proposer de trinquer du breuvage, sans lui en préciser la nature.
Le diable prit la bouteille et la porta à sa bouche. A la première gorgée, il s’arrêta en poussant un rugissement terrible. Il suffoquait; ses yeux lançaient des éclairs; sa bouche vomissait des flammes. Le diable était prîs !
A force de tirer, de cracher, de baver, de griffer, il se libéra brusquement, ce qui lui fit piquer une tête dans la rivière. Hélas pour lui! Un bouillonnement sinistre forma des remous vaporeux et le Seigneur des Ténèbres disparut dans un nuage nauséabond, au-dessus d'une couche de poissons frits. »
Suite à cet évènement, le pont fut vite terminé. Les moines de Chalivoy voulurent lui donner le nom de « Pont de Chantevaux » parce que, un peu en amont, la Chanteraine se jette dans la la Vauvise.
Les gens du pays lui préférèrent celui de « Pont Galantin », en référence à l’histoire de Berlite, et pour rappeler que les femmes sont toujours plus fortes que le diable…
Ce qui est intéressant, c’est qu’ici le Diable, au lieu de construire le pont en échange de la première âme qui le traversera comme c’est le cas pour tous les ponts portant son nom, s’est au contraire acharné à empêcher sa construction. Mais, au fait, qui pouvait bien se cacher derrière ce diable-là ?
Evidemment, ce n’est qu’une légende mais un mystère demeure : pourquoi, au milieu du XVIIIème siècle, alors que la plupart des rivières n’étaient franchissables qu’à gué, y avait-il déjà un pont sur la Vauvise à cet endroit ? D’après l’étude menée par Annie Chazelle sur le patrimoine bâti du canton de Sancerre, le pont actuel daterait du début du XVIIIème siècle, mais pourquoi avoir bâti un si bel ouvrage sur une si petite route ?
Toute information sur le sujet sera bien entendue la bienvenue...
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