Au bord de la petite route menant de Jars à Ivoy le Pré, on ne peut pas manquer le joli château de Nancray. Le voici sur une carte postale du début du 20ème siècle.
Longtemps siège d’une exploitation agricole, il a tout récemment bénéficié d’un bon nettoyage, et le voici aujourd’hui. Au premier plan, les vestiges du mur d’enceinte dont il sera question plus loin.
Le portail donnant sur la route. Une ouverture a été percée à sa droite pour permettre un passage plus aisé aux charrois et autres engins agricoles encombrants.
Nancray (ou Nancré dans certains actes anciens) était une seigneurie dépendante de celle de Jars. Les plus anciens seigneurs connus de Nancray étaient les Rochechouart, qui furent aussi seigneurs de Jars. Suivirent ensuite, au gré des successions ou ventes les familles de St-Palais (1370), Trousseau (1457), de Gannay (1474 et 1572), Ruellé, Dreux (1633), Navailles puis enfin Perrinet du Pezeau (18ème siècle). Source :Alphonse Buhot de Kersers.
Voici la description qui en est faite dans un aveu et dénombrement de la seigneurie de Jars rendu le 24 Juin 1788 (AD 18 J 1329) :
« Premièrement le château de Nancré est composé d’un corps de bastiments ayant plusieurs appartements bas et haut consistant en chambres, antichambres, sale (?) office, chapelle, cuisine, boulangerie, greniers au-dessus desdits appartements, un sellier à costé, tournelle dans laquelle est construit un escalier pour monter auxdits appartements du haut, cour au devant dans laquelle est un puid, une ancienne fontaine à jet d’eau renfermée de murs en pierre de taille, une autre cour au devant dudit château dans laquelle sont plusieurs bastiments, un donjon carré sur le devant et à l’entrée de ladite première cour composé de plusieurs chambres, cabinets et greniers au-dessus sous lequel donjon est un portail y donnant entrée, une prison, écuries, fenils au-dessus, deux granges le tout renfermé de murs aux quatre coins desquels est construit à chacun d’yceux une tournelle armée de même que lesdits premier corps de logis et donjon de giroittes et autres marques distinctives de fief, lesdits murs et tournelles percés en différents endroits de meurtrières, un jardin potager derrière lesdits premiers bâtiments sus-désignés, le tout renfermé de fossés sur lesquels est construit un pont de pierre donnant entrée sous le portail dudit donjon, dans laquelle basse-cour sont deux granges et plusieurs bâtiments d’écuries, toit à bœufs et à vaches, un portail y donnant entrée à costé et à gauche duquel est une tournelle servant d’habitation, ladite cour renfermée de murs, tous lesdits bastiments couverts en thuille, le tout contenant seize boisselées ».
En 1738, l’archevêque de Bourges visita tous les lieux de culte de son diocèse, et en fit une description précise. Voici ce qu’il écrit de la chapelle de Nancray, dont j’ignore si elle se trouvait dans le château ou à côté:
« Le même jour jeudi huit Mai mil sept cent trente huit, nous Frédéric Jérôme de Roye de la Rochefoucauld, Patriarche Archevêque de Bourges, continuant les visites de notre diocèse accompagnés de nos officiers ordinaires nous sommes transportés en la chapelle domestique du château de Nancré, paroisse de Jars, où nous avons été reçus avec les marques d’honneur et distinction par frère Jacques Lesfilles, curé de ladite paroisse en présence duquel nous avons procédé à notre visite de ladite chapelle, que nous avons trouvé en fort bon état, proprement décorée et abondamment fournie des vaisseaux sacrés, linges et ornements nécessaires à la célébration. Et nous étant informés s’il y avait quelque titre de bénéfice ou fondation en ladite chapelle, ledit curé nous a répondu qu’il n’y avait pas à sa connaissance qu’il y eut aucun titre de bénéfice, mais que les seigneurs de Nancré étaient chargés de faire dire tous les jours de l’année une messe basse pour le repos de l’âme de Dame Catherine Delroiche, que n’étant point stipulé par l’acte de fondation, cette messe devait être acquittée. Les seigneurs de Nancré avaient consenti qu’elle fut dite en l’église paroissiale à condition toutefois que les curés feraient par lui ou par un autre en ladite chapelle de Nancré le catéchisme pour l’instruction des enfants des environs depuis le premier dimanche d’Avent, jusqu’à l’avenue de laquelle déclaration nous avons fait acte et cependant permis de continuer à célébrer en ladite chapelle aux charges et conditions ordinaires pour les chapelles domestiques de notre diocèse.
Fait et arrêté les jour et an que dessus. » Source: Archives diocésaines de Bourges
La même en 2020. Quelques dépendances agricoles ont été entre temps abattues, et une partie des fossés remis en état.
Le site de Nancray sur le cadastre de 1833. Si le Moulin d’en Haut existe toujours aujourd’hui, celui d’en Bas a été démoli il y a déjà longtemps.