Après 36 ans à Veaugues, direction Le Noyer pour vous faire découvrir son cadre, son histoire, et aussi quelques billets d'humeur...
L’église de Jalognes vers 1910, vue depuis le chemin des Collins alors que le jardin du presbytère était clos de murs.
La paroisse de Jalognes a compté jusqu’à quatre lieux de culte.
La chapelle Saint-Clair, à Pesselières, fondée en 1228 par Pierre de Livron. Il n’en reste qu’une étroite fenêtre romane dans le pignon, et quelques vestiges à l’intérieur.
Lors de la visite qu’il effectua à Jalognes le 24 mai 1738, l’Archevêque de Bourges Monseigneur Frédéric Jérôme de Roye de la Rochefoucault fut informé que « tous les ans le lundi de Pâques le Sieur Curé de Jalognes vient dire sa messe paroissiale en ladite chapelle St-Clair, et qu’il s’y tient une assemblée où il y a des cabarets, des jeux, des danses qui occasionnent des excès de vin, des jurements, des blasphèmes, des querelles, des disputes, même des batteries, pour autant qu’il est en nous faire cesser un pareil désordre, nous défendons expressément audit Sieur Curé de Jalognes et à tous les autres prêtres séculiers et réguliers d’y célébrer ledit jour, ordonnons que la porte en sera fermée toute la journée jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu faire cesser un pareil scandale ».
Cette plaque funéraire, en provenance de la chapelle St-Clair de Pesselières et à présent dans l'église de Jalognes, concerne une vertueuse dame…
La Chapelle de Chantereine, fondée en 1469…
à une époque où existait en ce lieu un château, rasé au 18ème siècle (cadastre de 1823).
Ce bénitier Renaissance, orné entre autres d’un buste de femme nue, provient de la chapelle de Chantereine. Il est à présent dans l’église paroissiale de Jalognes.
Une chapelle a été édifiée dans le parc du château de Pesselières en 1821 par la famille Boin, alors propriétaire des lieux.
Intéressons nous à présent à l’église paroissiale Sainte Madeleine. Contrairement à la plupart des églises anciennes qui étaient orientées (avec le chœur tourné vers Jérusalem), celle-ci est disposée suivant un axe Nord-Nord-Ouest / Est-Sud-Est.
Extrait du cadastre de 1823 montrant l’église, qui était alors bordée au Nord par un grand placier et, probablement, d’un calvaire. La parcelle 686 est le jardin du presbytère. La route de Veaugues passait alors par la Croix St-Marc, plus à l’Est que l’actuelle.
Plan actuel, avec la route de Veaugues qui passe le long du mur Est de l’église.
En 1738, toujours selon Mgr de la Rochefoucault, « L’église est en partie ruinée par la chute du pignon qui séparait le chœur de la nef et qui, en tombant, a attiré une ferme entière de la charpente, causé la perte de toute la couverture et de deux autels qui étaient à l’entrée du chœur, dédiés l’un à la Sainte Vierge, l’autre à Saint Blaise ; que cette chute a considérablement ébranlé le chœur qui est en partie voûté, et partie en torchis.
Procédant au surplus de notre visite, nous avons remarqué que la dorure du tabernacle est dans la plus grande partie écaillée et tombée, que la pierre qui ferme le sépulchre du maître-autel n’est point scellée, en sorte qu’on peut en ôter facilement les reliques, qu’il n’y a point de tableau au même grand autel, mais seulement un morceau de tapisserie appliqué dans le cadre destiné pour y en être placé un, que les grandes figures qui sont aux deux côtés du grand autel sont sales et indécentes en l’état où elles sont actuellement, que le calice et la patène sont extrêmement faibles, légers, et d’ailleurs trop petits, que le soleil qui sert à exposer le St-Sacrement est fort noir, qu’il n’y a point de vitres à la croisée qui donne le jour à la sacristie où il n’y a qu’un vieux coffre pour renfermer les ornements.
Que les fonts baptismaux, qui sont fort mal placés, ne sont point renfermés, qu’il n’y a point de dais pour garantir des ordures, ni tableau de St-Jean ni d’armoire pour les vaisseaux des saintes huiles, que le Curé est obligé de placer sur le bassin où ils peuvent aisément se renverser, qu’il n’y a pas même de piscine à côté des fonts baptismaux, que le confessionnal a été écrasé sous les ruines ci-dessus ». (Source : Archives Diocésaines avec les remerciements à François Tridon pour son amabilité)
En 1863, il fut décidé d’agrandir notablement l’église, et les travaux furent confiés à l’architecte Charles Guillard, qui oeuvra beaucoup en Sancerrois durant la seconde moitié du 19ème siècle.
Seules, les trois travées de l’ancienne nef furent conservées. Le clocher et le chœur sont neufs.
La limite entre l’ancienne partie et la nouvelle est repérable grâce à cette colonnette semi-engagée dans la nef.
Comme je l’avais dit récemment, les églises construites ou remaniées à cette époque sont souvent décriées, mais l’intérieur de celle-ci est très élégant, avec d’harmonieuses proportions.
Colonnes et chapiteaux, qui datent de 1865, furent repris lors de travaux de restauration menés vers 1990.
Le clocher, terminé en 1876, fut la dernière adjonction.
Les fonts baptismaux Renaissance.
La nef abrite plusieurs statues, récemment restaurées, comme cette Pietà,
Sainte Marguerite d’Antioche, en bois polychrome du 15ème siècle,
et Sainte Catherine, avec la roue de son supplice.
Parmi les curés de Jalognes, retenons l’abbé Claude Antoine Buchet, né en 1748 à Sury en Vaux et ordonné prêtre en 1772, puis affecté à la cure de Jalognes en 1780. A la Révolution, il refusa le serment et fut démis de ses fonctions.
Début 1796, il s’engagea comme prieur des troupes royalistes de Le Picard de Phélippeaux, qui stationnaient dans le Pays Fort, du côté de Jars. Dans la nuit du 11 au 12 Avril 1796 (23/24 Germinal An IV), une échauffourée connue sous le nom de Bataille de Sens-Beaujeu opposa les troupes royalistes au bataillon républicain mené par le Général Desenfans.
Côté royaliste, on dénombra 28 morts, dont l’abbé Claude Antoine Buchet, qui tentait de porter secours aux victimes des deux camps. Une stèle lui est dédiée sur la place de Sens-Beaujeu.