De nombreuses cartes postales anciennes de Veaugues et des villages environnants portent la mention : « D. Pinson, photo, Veaugues (Cher) ». Elles ont toutes été prises entre 1903 et 1913.
Désiré Pinson, photographié par lui-même le jour de son mariage.
Son appareil photo sophistiqué disposait en effet d'un mécanisme de retardateur.
Désiré Pinson est né en 1880 à Veaugues, et travaille tout naturellement chez son père François, qui est maçon. Nourrissant une passion pour la photo, il décide alors de s’acheter un appareil photo, alors que son épouse Ernestine, née Joulin, exécute toutes les opérations de tirage.
Le premier matériel de Désiré Pinson fut acquis chez Photographie Vulgarisation, 6 à 8, rue des Petites-Ecuries, Paris-Xc. L'appareil est un modèle "Chambre de voyage", format 13 x 18, type 1890, équipé d'un objectif Zeiss.
Il exercera ce qui est devenu son véritable métier jusqu’en 1913, date à laquelle il quitte Veaugues pour Henrichemont, puis Asnières les Bourges en 1914, où il décèdera en 1953. Il se déplace à vélo puis, à partir de 1907, en utilisant le tacot, faisant suivre son vélo pour rayonner autour des gares de la ligne.
Cliché de la place de Veaugues, un jour de foire ou de marché.
Son travail est aujourd’hui une précieuse source d’information pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de nos villages. En effet, malgré leur âge, ses clichés sont d’excellente qualité, principalement en raison de la taille des négatifs (13 x 18 cms) qui permettait un grain très fin.
La gare de Groises
Le second appareil de Désiré Pinson.
Ces appareils utilisaient des plaques de verre enduites de nitrate d'argent comme négatifs.
Leur grande taille permettait d'obtenir un grain très fin, et donc de très belles photos.
Le village d'Azy, comme tant d'autres, possédait sa mare.
celle-ci a été comblée pour élargir le carrefour de la route d'Etréchy.
C'est grâce à des photographes professionnels comme Désiré Pinson que nous savons à quoi ressemblaient nos villages autrefois, car la pratique de la photographie était hors de portée du commun des mortels. Il a entre autres immortalisé les communes de Veaugues, Groises, Azy, Montigny, Neuilly, Neuvy, Bué, Vinon, Crézancy, Sens-Beaujeu, Sury en Vaux, Charentonnay, St-Andelain et Tracy.
Je tiens à remercier Monsieur Rousselet et son épouse Martine, qui est la petite-fille de Désiré Pinson pour l’information qu’ils m’ont aimablement communiquée.
Après celles de Veaugues et de Neuvy La Tour, voici un bref historique de la gare de Neuilly Moulin Jamet. De 1907 à 1948, cette gare construite en rase campagne fut un mini-nœud ferroviaire, à l’échelle locale, bien sûr !
Comment s'imaginer que cette petite gare abandonnée fut, quarante ans durant, le siège d'une intense activité?
Située sur la ligne de La Guerche à Argent des Chemins de Fer Economiques (S-E), elle fut ouverte le 26 août 1907, en même temps que la section Veaugues-Argent de la ligne. Ce n’était alors qu’une petite gare de passage, censée desservir le village de Neuilly en Sancerre, mais cette situation ne dura pas longtemps.
La section Veaugues-Argent fut inaugurée douze jours avant son ouverture au public par une commission composée d'élus locaux et d'officiels. Voici l'horaire de ce train spécial du 14 août 1907:
Veaugues 08h 05
Neuilly MJ 08h 21
Vailly 09h 45
Argent A 10h 40
D 11h 00
Vailly A 11h 46
D 13h 35
Neuilly MJ 14h 40
Veaugues 14h 57
Le 29 mai 1908 fut ouvert l’embranchement permettant de gagner St-Satur par Crézancy, Bué et Sancerre. Il desservait aussi le port du canal, à St-Satur, où étaient transbordés sur les péniches les cailloux provenant des carrières d’Argent. La gare fut alors équipée d’une plaque tournante pour retourner la locomotive de St-Satur, ainsi que d’un château d’eau.
Les horaires de la section Neuilly-St Satur en 1924.
Il fallait 50 minutes pour parcourir moins de 16 kms...
La desserte était composée de trois aller-retours sur la ligne « principale », ainsi que trois trains par jours vers St-Satur. Des correspondances permettaient d’aller sur Sancerre en venant de Vailly ou de Veaugues, et vice-versa.
Plan des voies après l'ouverture de la ligne de Vierzon. Deux voies furent rajoutées et le plan remanié.
Nouvel accroissement de l’activité avec l’ouverture, le 1er janvier 1914, de la ligne de Vierzon, par Henrichemont. Le train officiel d'inauguration, parti de Vierzon à 9h 23, arriva en gare de Neuilly-Moulin Jamet (67 kms) à 14h 15, soit une vitesse moyenne de 16km/h… Une remise fut érigée pour abriter la loco de la ligne de Vierzon pendant la nuit ; un réfectoire et un dortoir attenants étaient réservés à son personnel.
Horaires de la ligne de Vierzon à son ouverture en 1914.
Sur cette vue, la remise et le château d'eau sont bien visibles en arrière-plan.
L’heure de gloire de la gare de Moulin Jamet dura une vingtaine d’années. Dès 1935, les cars prennent le relais de la plupart des trains, ces derniers n’étant maintenus que les jours de foire à Sancerre, Vailly ou Henrichemont. La ligne de Vierzon disparut le 31 décembre 1938 après seulement 24 ans d’existence.
Le train à quai est en partance pour la Guerche.
A droite, une voiture à voyageurs est remisée, en vue d'être ultérieurement ajoutée à un train.
Les pénuries de carburant de la Seconde Guerre Mondiale firent ressortir les trains à vapeur, qui connurent alors une affluence record. Ce fut hélas le chant du cygne ; la ligne d’Argent à la Guerche et son embranchement de St-Satur furent définitivement fermés le 15 août 1948.