Sylvain, qui a exercé de nombreuses années dans la réalisation et la pose d’agencements d’intérieur (cuisines, etc…), nourrit depuis toujours une passion pour les maisons en bois, et plus particulièrement en rondins. Cette fois, il a décidé de passer à l’acte, et construit une maison entièrement de sa conception. Le chantier se trouve à la sortie du village de Lugny-Champagne (près de Sancergues), sur la route de Baugy, dans un pré.
Ce type de maison doit être construite sur le chantier, puis démontée, transportée chez le client et remontée. Sylvain utilise des troncs de Pin Douglas, qui a l’avantage d’être classé « insecticide naturel », et ne nécessite donc aucun traitement chimique.
Le bois provenant exclusivement de forêts locales est choisi par Sylvain et abattu par ses soins. L’assemblage ne comporte ni vis, ni clous, ni même de chevilles, et tient par son propre poids. Le bois est utilisé durant l’année qui suit l’abattage, et il effectuera un retrait progressif en séchant. Au fur et à mesure que ce retrait s’opère, il faut réajuster les emboîtements, ce que fait sylvain au moyens de sangles industrielles qu’il retend régulièrement ; elles sont si tendues qu’on pourrait jouer de la musique dessus !
Les troncs sont utilisés bruts, c’est-à-dire sans être cylindrés au tour. Ils présentent donc des irrégularités, dont Sylvain tire partie pour assurer la cohésion de l’ensemble. Afin d’ajuster parfaitement les assemblages, il doit réaliser des découpes parfaites, et trace le plan d’ajustement au moyen de ce compas à double niveau.
Chaque tronc est entaillé longitudinalement dans sa partie basse, afin de permettre l’emboîtement avec celui du dessous. L’espace vide est comblé avec de la laine de mouton. Sylvain nous montre ici cet espace d’un centimètre dans la feuillure d’une fenêtre.
Cet autre tableau de fenêtre nous montre l’espace (le trou en haut à droite du montant) que Sylvain a réservé pour le resserrement de l’assemblage rendu nécessaire par le retrait du bois au séchage. Une fois la maison terminée et le bois sec, tous ces espaces auront disparu !
Ici, l’assemblage de deux murs. Des entailles sont pratiquées pour le rendre parfait. Lorsque je demande à Sylvain comment il fait pour travailler avec une telle précision de si grosses pièces de bois, il me montre sa tronçonneuse : « c’est mon seul outil ». Impressionnant ! D’ailleurs, on a beau fouiner sur le chantier, il n’y a rien qui traîne ; j’ai juste repéré une lame à écorcer et une pique pour déplacer (à la main) les troncs, ainsi que sa grue, bien sûr.
Cette maison comportera un étage, dont le plancher reposera sur ces poutres, en rondins bruts, bien sûr. L’étage faisant encorbellement protégera les murs du Rez-de-chaussée de la pluie, et sera lui-même protégé par le dépassement de la toiture. Cette dernière comportera une isolation en bottes de paille, puis une surface végétalisée. Très bien isolée naturellement, elle sera peu gourmande en énergie, se contentant de 5 stères de bois de chauffage pour l’hiver. Il a prévu de remonter cette maison pour lui, et elle lui servira d’habitation, de bureau et de maison-témoin.
Plusieurs personnes sont déjà très intéressées par les projets de Sylvain, mais l’administration se montre pour le moins peu enthousiaste vis-à-vis de cette architecture nouvelle, et traîne des pieds. Ceci ne semble pas démotiver notre concepteur-bâtisseur, qui a déjà prévu, si son entreprise ne peut se développer sur place, de s’installer dès la fin de cette année dans un département voisin plus accueillant et dynamique. En attendant, la passion dont fait preuve Sylvain en faisant visiter son chantier en dit long sur sa détermination, et on ne peut qu’être admiratif devant son habileté !