Le mot « engoulant » dérive du mot « gueule ». Cet élément architectural sculpté sur une poutre, représente une tête qui en avale l’extrémité. Ici, aux Hospices de Beaune, la représentation est sans équivoque…
Dans la Tour de Vesvre, une des deux poutres maîtresses soutenant les solives du premier étage est ornée à des deux extrémités d’engoulants. En tout quatre têtes d’animaux fantastiques en lesquelles on verra, selon son imagination, loup, renard, dragon, serpent, crocodile, ours, etc… Chaque engoulant est différent. Celui-ci a les dents bien placées et il lui reste un peu de couleur, notamment du rouge sur les babines…
Les engoulants de Vesvre sont connus sous le nom de Vouivres. Le mot Vouivre a la même origine que celui de Vesvre, dérivant d’une racine celte désignant un lieu marécageux. On peut donc y voir une bête légendaire fréquentant les marais qui existaient sur le site avant son occupation par la seigneurie, vraisemblablement dès la fin du IXème siècle (érection de la Motte).
La plus facile à admirer est celle qui est éclairée par une grande baie exposée au Sud. A Vesvre, la section des poutres (45 x 45 cms) aurait nécessité d’énormes engoulants pour qu’elles entrent réellement dans la gueule de la « bête ». On s’est donc contenté de les sculpter sur les faces latérales de la poutre.
De l’autre côté de la poutre, toujours au Sud, il semble qu’un mauvais sort ait été jeté à cette Vouivre qui est affectée d’un grave problème d’orthodontie : l’alignement de ses crocs l’empêche de fermer sa gueule !
Une maison médiévale de La Charité sur Loire possède également deux magnifiques engoulants qui, s’ils sont d’une facture plus soignée que ceux de Vesvre, présentent de nombreuses similitudes de style.
Ceux de Vesvre seraient du XVème siècle. Pour La Charité, je n’ai pas pu obtenir plus d’information, le lieu étant privé en en chantier.
Les engoulants se voient aussi au-dessus de colonnes de pierre, disposés à la façon d’un chapiteau. C’est le cas dans certaines églises du Poitou.