Après les trombes d’eau qui se sont abattues sur le Sancerrois cette nuit, c’est le calme plat. C’est sûr, on n’entendra pas les moissonneuses aujourd’hui. Direction la Plaine de Voisy, zone de grandes cultures qui n’est pas un de mes lieux favoris de balade, mais il faut varier. Un domaine abandonné depuis des lustres aux herbes folles, non loin de la voie romaine. Le poirier, plus en forme que les bâtiments, doit donner des poires « curé » ou « à pâté »…
Contournons les lieux pour découvrir ce qui fut le bâtiment d’habitation. Ici, ce sont des prunes, qui attendent la fin de l’Eté pour mûrir. Le buis, visible sur la droite, était fréquemment planté comme coupe-vent, surtout dans les domaines bâtis dans des paysages ouverts.
La construction avait été soignée, avec sa corniche moulurée, son œil-de-bœuf certainement disposé au-dessus de la « bassie » (évier en pierre) et sa lucarne toute en pierre…
Aujourd’hui, seul subsiste de cette lucarne son encadrement dont la pierre, provenant probablement des carrières toutes proches, est déjà bien attaquée par les intempéries…
En se tournant vers le Nord-est, on aperçoit Sancerre qui émerge de l’horizon chargé. Grandes cultures au premier plan, vignes à l’horizon, et bois de l’Orme au Loup et de la Pierre Goupilière ; les trois éléments qui composent les paysages du Sancerrois sont ici réunis.
Outre l’ancienne voie romaine, la plaine de Voisy est traversée par l’ancienne ligne de Bourges à Cosne. Destinée à relier les arsenaux du Sud-Ouest aux lignes de front (l’Est, bien évidemment à cette époque), elle fut ouverte en 1893, et fonctionna jusqu’en 1966. Son parcours, dicté par la nature « stratégique » de cet itinéraire, comporte de nombreux ouvrages d’art.
Là aussi, la construction est soignée, et a bien résisté au temps. le parement latéral est fait de blocs de grès ferrugineux du Pays-Fort, soigneusement équarris…
Les eaux de pluie, traversant le massif de maçonnerie du pont, se chargent et calcaire, et forment des stalactites qui s’accrochent aux voûtes, comme dans les cavités naturelles. Il est couramment dit que ces concrétions croissent d’un centimètre par siècle. Celle-ci, avec ses dix centimètres, fait mentir la science !
Un dernier coup d’œil à ces curieuses formations. Une particularité de ces lieux : sous ce pont, le moindre son génère un écho caverneux particulièrement impressionnant !
Le ciel commence à se dégager par l’Ouest, et espérons que le soleil séchera rapidement ces blés qui ne demandent qu’à être fauchés !
Retour à la maison en empruntant l’ancienne voie romaine, localement appelée Voie Jacques Cœur, peut-être parce que les caravanes du célèbre marchand de la Renaissance y sont passées. Ici, elle est particulièrement large, et encore bordée de haies.